mercredi 19 mars 2014

fleur de la femme ..

Le sexe de la femme reste un sujet tabou. Avons-nous jamais regardé, pas seulement “vu”, mais vraiment “regardé”, en chaussant ses lunettes, avec attention et amour, le sexe d'une femme, les dentelles des petites lèvres, les encorbellements de la vulve, les mystères de l'infiniment petit ? Certes, la culture nous enseigne généralement que les sommets de la séduction sont voilés, que l'érotisme s'épanouit mieux dans la pénombre et que les plus hautes jouissances ne s'obtiennent pas forcément en fixant le sexe de l'autre comme on regarde un visage, une bouche ou des yeux. Mais sur son parcours singulier, René Minosa a découvert combien cette subtilité (réelle) masque aussi un déni.
Les femmes elles-mêmes, souvent, ne connaissent pas la partie la plus délicate de leur anatomie. Dès qu'il est question du sexe féminin, nombreuses sont celles qui ont tendance à en éprouver gêne, embarras, voire honte, parfois sous couvert d'indifférence. Quelles que soient ses réactions, l'attitude négative d'une femme vis-à-vis de son sexe déteint plus ou moins inéluctablement sur sa vie sexuelle et amoureuse - la honte, tout comme l'indifférence, engendrant l'inhibition. La grande surprise de René Minosa sera de découvrir que des photos telles que les siennes peuvent guérir ces inhibitions ou ces blessures, en procurant aux femmes ainsi admirées le sentiment d'être reconnues, respectées et aimées, jusqu'au plus profond d'elles-mêmes - à l'endroit même où la vie les avait conduites à culpabiliser. Comme si, paradoxalement, les personnes au sexe offert à l'objectif parvenaient par ce biais à cesser d'être des objets, habitées par le sentiment de s'être réapproprié une part importante de leur corps et par résonance, de leur sexualité. Pour certaines femmes, cette revalorisation va tout bonnement transformer leur vie et celle de leur partenaire. “Mon regard, sous-entend l'homme, n'est pas seulement celui du désir, c'est aussi celui de l'émerveillement, de la tendresse et de l'honneur.”
Pendant plus de vingt ans, photographier des sexes de femmes fut pour René Minosa un jardin secret. Une exploration intime, menée avec plaisir et émerveillement, mais aussi mue par une réminiscence confuse, une nécessité profonde et mystérieuse qui le surprenait lui-même.
Le noir et blanc s'était immédiatement imposé. Comme si la confrontation abrupte avec “l'origine du monde” ne pouvait révéler son enivrante beauté et sa luxuriante variété qu'à partir d'un minimum d'abstraction. Peu à peu se constitua ainsi la cartographie d'une galaxie étonnamment mal connue, avec ses étoiles, ses planètes, ses paysages, ses myriades de formes de vie, des plus exubérantes aux plus endormies, des plus tendres aux plus drues. Et tout cela jaillissait chaque fois d'entre les jambes d'une femme ! La zone humaine sans doute la plus présente, ou la plus marquante, dans les têtes, les cœurs et les discours des humains, mais aussi, malgré toutes les “révolutions sexuelles” du monde, la zone la plus interdite.
Alors que René hésitait encore devant cette obsession fascinante, c'est son ami le magicien dramaturge Alexandro Jodorowski qui l'encouragea à franchir le pas décisif. “Exprime ce que tu ressens sans te soucier de ce que les gens en penseront !” Ce fut comme une autorisation. René
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