Virginité
Représentations culturelles[ ;
La virginité revêt généralement une très grande importance
dans des religions, entre autres le catholicisme, où la virginité perpétuelle
de Marie, la mère de Jésus de Nazareth, fait partie du dogme. Au cours de
l'histoire humaine, surtout avant l'apparition des grandes religions - mais
encore aujourd'hui dans les sociétés dites « primitives » comme chez les
Incas2et autres cultures amérindiennes3, la virginité constituait généralement
un signe d'impopularité : elle y était consacrée à une divinité et la jeune
fille devait la perdre avant le mariage. À l'inverse, dans les cultures
patriarcales actuelles, surtout celles où la religion dominante associe le sexe
hors mariage au péché, la virginité revêt une connotation très positive : elle
est associée à la propreté4 et la pureté[réf. nécessaire]. Dans ces cultures,
la virginité est ainsi rattachée à la notion d'honneur : la non-virginité de la
femme avant le mariage y est considérée comme un déshonneur pour la famille.
Dans les sociétés occidentales, ce type de considération tend à disparaître
avec le changement des mœurs, telles que la libération de la femme et la
libéralisation de la sexualité. L'idée de virginité avant le mariage revient
cependant dans certains pays ayant une base culturelle ou religieuse, comme
certains pays d'Afrique.
En Occident, lors de la cérémonie du mariage, les mariées
portent une robe blanche et un voile blanc, considérés comme un symbole de
virginité. Néanmoins, le port du blanc est un phénomène récent, les mariées
portant auparavant une robe à leur goût et non spécifiquement blanche (par
exemple, les femmes modestes n'avaient qu'une seule « robe du dimanche »,
souvent noire, qu'elles ne portaient que pour les fêtes). Porter du blanc n'est
devenu une mode, puis une tradition, qu'au cours du XIXe siècle. La fleur
d'oranger, donnée comme symbole de virginité, est utilisée dès 1860 dans la
confection de couronnes et de bouquets de mariée ainsi que pour le « bouquet de
virginité » du mari porté au revers de son costume5. La licorne est également
un symbole de virginité physique. Dans l'iconographie chrétienne, elle
représente la Vierge fécondée par l'Esprit Saint. Dans les conceptions
médiévales de l'amour courtois, la licorne est douée du mystérieux pouvoir de
déceler l'impur6.
Une fois la virginité collectivement chargée de telle ou
telle valeur, celle-ci est déplacée sur la personne vierge à l'occasion de
certains usages ou relations. Ainsi, le droit de disposer de la virginité d'une
femme peut avoir un prix et donc être monnayée comme un bien. Considéré comme
la norme jusqu'au mariage, un prétendu test de virginité (en) consistant en
fait en une intrusion arbitraire profondément humiliante, souvent proche d'un
viol, peut être réalisé pour intimider par l'exemple la population féminine
d'un pays ou punir certaines femmes soupçonnées de comportement estimé non
conforme aux mœurs. Par exemple, chez les geishas, la vente de ce premier accès
est nommé le mizuage. Le légendaire droit de cuissage, droit du seigneur local
à prendre la femme d'un de ses sujets la première nuit suivant leur mariage,
aurait pu être abandonné contre une somme d'argent. De telles pratiques sont
des souvenirs lointains dans les pays ayant connu la révolution sexuelle.
Pourtant, en 2008, l'animateur de radio américain Howard Stern a lancé une
annonce d'étudiante sous pseudonyme annonçant qu'elle mettait aux enchères pour
financer ses études le droit de lui prendre sa virginité, précisant qu'elle
était prête à subir un examen gynécologique pour prouver qu'elle était bien
vierge, bien qu'ayant déjà pratiqué des préliminaires7. Dans certains
pays[Lesquels ?], jusqu'au milieu du XXe siècle, si un homme n'épousait pas une
femme dont il avait pris la virginité, la femme était autorisée à le poursuivre
en justice et à réclamer dommages-intérêts, pratique du Kranzgeld8.
La progression des connaissances en génétique est sans doute
aussi une des causes de la diminution de l'importance de la virginité : au
début du XXe siècle, la théorie de l'imprégnation, ou « télégonie », selon
laquelle la première expérience sexuelle pouvait avoir un effet sur la
descendance, était encore très répandue. L'écrivain Victor Margueritte en fait
mention dans son roman La Garçonne.
Aspects anatomiques[modifier | modifier le code]
La virginité, chez la femme, est traditionnellement associée
à la présence de l'hymen, membrane qui obture de façon incomplète l'entrée du
vagin et se rompt lors des premiers rapports sexuels ou indirectement
lorsqu'elle est soumise à des efforts mécaniques suffisants, par exemple lors
d'activités physiques. L'absence d'un hymen n'est donc pas nécessairement due à
une pénétration vaginale. Après déchirure, cette membrane cicatrise en laissant
à sa place les « caroncules hyménéaux ». Leur absence est utilisée, dans
certaines cultures ou religions, comme critère dans des « examens de virginité
» dont le but est de prouver qu'une jeune fille est encore vierge (n'a jamais
été pénétrée vaginalement).
La défloration (dite aussi dépucelage), première pénétration
vaginale, a été considérée à travers les temps et les cultures comme un
événement important et on l'identifie souvent avec l'entrée de la femme
déflorée dans la vie conjugale ou au moins comme la fin de son enfance. La
rupture de l'hymen peut provoquer certaines pertes sanguines ; dans certaines
cultures, on peut exposer le drap taché de sang après la nuit de noces afin de
prouver que la femme est arrivée vierge au mariage et que le premier rapport
sexuel vient d'avoir lieu9. Cependant, ces procédés sont douteux
physiologiquement : certaines femmes vierges n'ont quasiment pas d'hymen.
D'autres doivent recourir à la chirurgie pour ouvrir un hymen trop résistant
(scléreux). À l'opposé, certains hymens particulièrement souples (hymens «
complaisants ») se laissent distendre sans se rompre lors du rapport sexuel.
Enfin, certaines femmes naissent sans hymen. C'est donc un élément peu fiable
de la virginité.
De plus, l'hymen peut se déchirer lors d'une activité
physique ou lors de la croissance de l'enfance sans que la femme s'en
aperçoive. D'autre part, même si un tampon hygiénique peut être normalement
inséré et rester dans le vagin sans que l'hymen se déchire, cela peut néanmoins
arriver accidentellement. Dans certaines cultures, la défloration était
considérée comme dangereuse pour l'homme. Pour cette raison c'était souvent la
femme elle-même qui s'en chargeait à l'aide d'un instrument de défloration, ou
on confiait ce soin à un homme âgé, souvent le chef de tribu[réf. nécessaire].
Modalités d'objectivation[modifier | modifier le code]
Le thème de la virginité a retenu l'attention des premiers
chirurgiens. En 1598, Séverin Pineau fait paraître quelques années après la
mort d'Ambroise Paré un livre sur la virginité et la défloration. Il affirme
qu'une femme est vierge lorsque son cou peut être embrassé par un fil qui
s'étendrait de la pointe du nez à la réunion des sutures sagittale et lambdoïde
(en arrière du crâne)[réf. nécessaire].
Les filles, contrairement aux garçons, ont une membrane,
l'hymen, qui indique généralement (les multiples cas de non-fiabilité sont
évoqués plus bas) physiquement si elles ont déjà eu un rapport sexuel. Pour la
plupart, l'utilisation d'un tel test est jugé discriminatoire puisque
n'existant que pour un seul sexe. Alors que pour certains, le fait de ne
pouvoir appliquer un même test ou un même traitement médical aux deux sexes
n'est pas discriminatoire, lorsque la différence est le fait de la nature (et
non de la volonté de l'homme). Certains utilisent la présence de l'hymen comme
définition de la virginité10, allant jusqu'à appeler vierge une fille dont
l'hymen a été reconstitué chirurgicalement alors qu'il avait été rompu par un
rapport sexuel11. Si l'on définit la virginité comme l'absence de rapports
sexuels, la présence de l'hymen n'est qu'une propriété qui coïncide souvent,
pas une définition alternative possible.
Cette pratique d'authentification de la virginité se heurte
à des questions d'ordre éthique, mais aussi à un problème médical. En effet,
toutes les études confirment [réf. nécessaire] l'extrême difficulté de
certifier l'absence ou la présence d'une sexualité prénuptiale, même en cas de
rupture évidente de l'hymen. Une importante proportion de cliniciens [réf.
nécessaire] ne sont pas en mesure de décider si une déchirure partielle de
l'hymen est corrélée avec une activité sexuelle ou pas. Les études montrent que
l'altération la plus fréquente de l'hymen après une pénétration vaginale est
une rupture partielle du bord libre, alors qu'une rupture totale est
exceptionnelle. Le premier rapport sexuel n'entraîne pas, de façon
systématique, la rupture et le saignement de l'hymen.
Conception du rapport sexuel[modifier | modifier le code]
Même en supposant pour l'hymen une fiabilité absolue, ce
critère n'est pas forcément déterminant pour les filles. Par exemple la
présence de l'hymen comme critère de virginité amène à considérer comme vierge
une fille ayant eu des rapports avec sodomie mais dont l'hymen est intact,
alors qu'une autre n'ayant eu de rapport sexuel avec aucun individu mais
pratiquant la masturbation serait dite non vierge si elle a ainsi rompu son
hymen. On peut définir une personne vierge comme une personne n'ayant jamais eu
de rapport sexuel. Cette définition présente de plus l'avantage de s'appliquer
aux deux sexes, mais n'est plus vérifiable physiquement. Au contraire,
l'utilisation de l'hymen comme critère a été dénoncé comme discriminant pour
les femmes, seules à pouvoir subir un examen de virginité12.
Toutefois, on a montré que les définitions du rapport sexuel
peuvent être assez variées pour que de nombreux actes soient tantôt inclus,
tantôt exclus13. Un sondage chez les adolescents américains montre que 2 %
s'estiment non vierge après un baiser profond, 15 % s'ils touchent les parties
génitales d'autrui ou inversement, 40 % s'ils sont impliqués dans un acte de
sexe oral, 99,5 % après un coït (les questions sont de type oui/non, ceux qui
indiquent le baiser comme perte de virginité peuvent aussi indiquer les
autres)14. Dans l'article présentant ce sondage, USA Today titrait que les
adolescents avaient assimilé la « virginité technique ». Cette notion est en
effet la définition la plus restreinte de la perte de virginité : la
pénétration d'un pénis dans une vulve. Cette notion avait été popularisée par
la présentatrice américaine Melanie Martinez, dans des vidéos qui se trouvaient
sur le site TechnicalVirgin.com. Ces vidéos parodiaient les publicités
puritaines encourageant les jeunes à l'abstinence avant le mariage. Dans J'ai
un avenir, Martinez expliquait qu'à l'âge des études, une fille devait prendre
ses précautions pour éviter de gâcher ses chances en se retrouvant enceinte, et
concluait en disant qu'elle s'en tenait au sexe anal. Dans Les garçons peuvent
attendre, sa mère la dissuade de s'offrir à un garçon qui ne serait finalement
pas le bon, et finalement lui offre un jouet sexuel pour qu'elle n'ait pas
envie de rapports sexuels. Le nom de domaine indique qu'une fille qui
adopterait ces pratiques serait « techniquement » encore vierge.
À l'opposé, les chrétiens les plus conservateurs défendent
une idée de pureté selon laquelle il est important de rester vierge avant le
mariage, avec une définition très rigoureuse de la virginité : même les simples
baisers sont découragés, considérés comme une étape menant à des activités plus
explicitement sexuelles15.
Conception de la sexualité[modifier | modifier le code]
On peut ainsi défendre une idée de la virginité sur des
critères non physiques, mais moraux. La chanteuse Britney Spears clamait
publiquement sa volonté de rester vierge avant le mariage. Des médias
d'information aux jeunes répliquèrent qu'il est douteux qu'on puisse se dire
vierge sous prétexte qu'on n'a pas eu de relations sexuelles quand on se donne
en spectacle public avec des vêtements d'une esthétique érotique16.
Réciproquement Saint Augustin précisa que le consentement
est nécessaire pour perdre la virginité17, autrement dit un viol ne retire pas
la virginité. On peut ainsi définir la virginité comme résultant, non d'un
contact physique, mais d'un choix. Cela amène à considérer qu'on ne perd sa
virginité qu'à l'issue d'un rapport sexuel avec pleine prise de conscience de
l'acte18.
Vérification de la virginité[modifier | modifier le code]
Comme précédemment expliqué, la virginité ne peut être
prouvée à proprement parler. C'est la présence de l'hymen qui est vérifiée.
Historiquement, Jeanne d'Arc a subi deux examens de virginité, et dans les deux
cas a été déclarée vierge. Elle était d'ailleurs surnommée « la Pucelle
d'Orléans ».
Dans l'époque moderne, certaines filles ont recours à un
médecin, gynécologue ou généraliste, pour obtenir un certificat de virginité
avant leur mariage, pour des raisons culturelles. Après un examen, le praticien
délivre un certificat à la fille attestant qu'elle est supposée être vierge. En
France, le conseil de l'Ordre des médecins s'oppose à ce qu'un tel certificat
soit délivré pour des raisons de pressions familiales19. Le collège des
gynécologues reprend les mêmes conseils, et rappelle que le médecin qui
délivrerait un certificat de virginité dans l'intérêt de la femme le demandant
mais sans avoir pratiqué d'examen ou alors que l'examen a conclu dans le sens
contraire, commet un faux susceptible de poursuites20. En revanche, ce
certificat peut être délivré à une femme souhaitant faire constater sa
virginité afin d'obtenir une annulation de mariage au motif de l'impuissance de
son mari. Un examen peut aussi être pratiqué dans le cas d'une femme souhaitant
faire constater qu'elle a subi des violences sexuelles, mais dans ce cas il
s'agit plutôt de constater un rapport sexuel récent.
L'examen se fait généralement par observation directe de
l'entrée du vagin. Le médecin donne en outre une petite description du type
d'hymen observé (élastique, fin ou très fin, souple, etc.).
Palliatifs à la perte[modifier | modifier le code]
Chirurgie de reconstruction[modifier | modifier le code]
D'autre part certaines pratiques ou opérations chirurgicales
peuvent être utilisées afin de reconstruire l'hymen ou donner l'impression
qu'il est intact, telle l'hyménoplastie. En Allemagne comme en France11,
plusieurs hymenkliniken sont spécialisées dans l'intervention chirurgicale de
reconstruction d'hymen.
Deux types d'intervention chirurgicale existent. L'une
consiste à recoudre un à deux jours avant le mariage la membrane déchirée de
l'hymen avec un fil très fin. L'autre peut être effectuée jusqu’à deux semaines
avant les noces et est réalisée avec des fils à résorption lente. Chacune de
ces opérations est rapide et bénigne, et ne nécessite qu'une petite anesthésie
locale21.
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